KaoriYuki

2004 Interview pour le magazine français Magnolia


Interview de Kaori Yuki - Magnolia


On n'apprend rien de bien nouveau dans cette interview. Je l'ai reproduite ici à titre d'archive et pour les curieux qui souhaitent savoir ce qui y a été dit.

Magnolia n°2

Paru le 3 février 2004
Ancien magazine de
prépublication shôjo
mensuel, chez Tonkam

Kaori Yuki - Créatrice de Comte Cain & Angel Sanctuary


1. Comment êtes-vous devenue mangaka* ?

J'ai envoyé mes planches au magazine Hana to Yume, où j'ai obtenu un prix. A partir de là, un éditeur m'a prise en charge, et j'ai pu débuter ma carrière.

2. Vos séries sont généralement des suites de "mini-séries" en quelques tomes. Comment vous-êtes vous débrouillée pour Angel Sanctuary, qui s'étend sur 20 volumes ?

Dans le monde du shôjo manga, on commence généralement par faire connaître son nom en dessinant des petites histoires, pour ensuite être autorisée à produire de longues séries. Aujourd'hui, je continue à faire l'un et l'autre.

3. 20 volumes, c'est un chiffre rond. Aviez-vous prévu dès le début de ne faire que 20 volumes ?

Comme je voyais que l'histoire arrivait à son terme vers le volume 20, j'ai fait en sorte qu'il y ait pile 20 tomes. Pour ce qui est des indices, j'adore dessiner "l'instant de la révélation", alors je m'étais trouvé plein d'idées. J'avais presque tout misé là-dessus !

4. Comment faites-vous pour réussir à maintenir à la fois un rythme soutenu et régulier dans votre narration ?

Je pense que c'est parce que j'ai réussi à suivre mon plan d'origine, qui partait de la Terre, pour aller dans les Enfers, puis gravir le monde céleste pour finir dans l'Atsilouth où Dieu siégeait.

5. Malgré les nombreux personnages de la série, vous avez accordé à chacun d'eux un petit moment dans l'histoire. Comment avez-vous réussi à gérer tout cela ?

Tous les personnages avaient des caractères bien définis dès leur naissance, alors je n'ai pas eu trop de mal à les gérer. Leurs interactions me venaient naturellement.

6. Il est possible de faire un rapprochement entre les anges et les aryens, via leurs uniformes qui rappellent l'Allemagne nazie. était-ce une volonté de votre part ?

Pas vraiment. C'est juste que je voyais les anges comme des êtres sévères et très réglementés.

7. Beaucoup de vos personnages sont des cas sociaux. Pourquoi n'avoir pas inclus un personnage "normal" dans Angel Sanctuary ?

Que ce soit Setsuna, Sara. Kouraï ou Katô, ce sont tous des adolescents "normaux" dans leur tête. Pour ce qui est des pouvoirs spéciaux, il serait difficile de placer un personnage sans aucun pouvoir au centre de cette histoire. Il ne pourrait pas survivre.

8. La violence d'Angel Sanctuary va à l'inverse des habitudes du shôjo manga, où cette dernière est généralement esthétisée. Pourquoi avez-vous décidé d'une telle rupture par rapport au genre ?

La plupart des shôjo montrent la violence sans complexe, je n'ai jamais trouvé ça particulièrement esthétisé. Moi-même, je fais pareil. Par contre, pour les scènes atroces, j'essaie de choquer les lecteurs pour transmettre la cruauté de l'agresseur. Et là, j'esthétise un peu.

9. Vu la complexité de vos histoires (nombre de personnages, changements de lieu ou d'époque), vous arrive-t-il de vous y perdre ?

Non, quand même pas. C'est moi qui construis l'histoire. Je me suis juste donnée du mal pour que le lecteur comprenne. Mais du coup, ça faisait beaucoup de textes...

10. En termes d'organisation, combien de planches devez-vous livrer par semaine ? Comment travaillez-vous avec vos assistantes ?

J'avais 30 pages à livrer toutes les deux semaines. Cinq assistantes venaient m'aider pendant 5 jours et 4 nuits. Je devais donc finir les esquisses avant.

11. Quel effet cela fait-il de remporter un énorme succès avec Angel Sanctuary en France, à tel point que vous êtes dans le premier magazine de prépublication shôjo français ?

Je suis tout simplement heureuse que des gens d'autres pays lisent mes oeuvres.

12. Avez-vous effectué des recherches approfondies sur la religion chrétienne et les anges ?

J'ai lu un nombre incalculable de livres, mais c'était difficile car les concepts différaient selon l'ouvrage et la pensée. Il y avait des choses que moi, Japonaise, je ne saisissais pas bien, mais ça rendait tout ça encore plus mystique. J'ai aussi une Bible.

13. Concernant les rapports entre les personnages, y a-t-il une part d'autobiographie dans vos histoires ou bien est-ce sorti tout droit de votre imagination ?

C'est de la pure fiction. Les rapports, positions et caractères des personnages étaient déjà fixés au moment où j'avais fait mes premiers brouillons. J'en étais la première surprise.

14. Vous alternez sérise longues (20 tomes) et courtes. Que préférez-vous ?

Les deux ont leurs défauts et leurs qualités. Quand c'est long, je me lasse, et quand c'est court, j'ai du mal à synthétiser.

15. Pouvez-vous nous parler un peu plus de God Child, en cours de publication en France ?

C'était la série que j'avais commencée avant Angel Sanctuary, racontant l'histoire d'un jeune comte à l'époque victorienne en Angleterre. Un thriller où se mêlent société secrète, magie noire, complots, amour et haine... je crois.

16. Qu'appréciez-vous dans l'univers gothique ?

J'adorais les films de Ken Russell : Gothic, Salomé... Le casting est fantastique et les costumes sont superbes. Et puis j'ai toujours aimé les vampires. Même maintenant, je voudrais en être une.

17. Quels sont vos projets à l'heure actuelle ?

J'ai fini God Child, et je prépare une nouvelle série.

18. Dômo arigatô gozaimasu**.

C'est moi qui vous remercie.


* Auteur de manga
** Merci beaucoup




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