The Lady of Shalott

On either side the river lie
Long fields of barley and of rye,
That clothe the wold and meet the sky;
And thro' the field the road runs by

And up and down the people go,
Gazing where the lilies blow
Round an island there below,

Willows whiten, aspens quiver,
Little breezes dusk and shiver
Thro' the wave that runs for ever
By the island in the river

Four gray walls, and four gray towers,
Overlook a space for flowers,
And the silent isle imbowers

By the margin, willow-veil'd
Slide the heavy barges trail'd
By slow horses; and unhail'd
The shallop flitteth silken-sail'd

But who hath seen her wave her hand?
Or at the casement seen her stand?
Or is she known in all the land,

Only reapers, reaping early
In among the bearded barley,
Hear a song that echoes cheerly
From the river winding clearly,

And by the moon the reaper weary,
Piling sheaves in uplands airy,
Listening, whispers "'Tis the fairy

De chaque côté de la rivière s'étendent
De longs champs d'orge et de seigle,
Qui couvrent les plateaux et rejoignent le ciel;
Et à travers les champs la route mène

Et les gens vont et viennent,
Regardant où poussent les lis
Autour d'une île là en bas,

Les saules blanchissent, les trembles frissonnent,
Les brises légères s'assombrissent et tremblent
A travers l'onde qui passe pour toujours
Près de l'île dans la rivière

Quatre murs gris et quatre tours grises
S'ouvrent sur un espace de fleurs,
Et l'île silencieuse garde dans sa chaumière

Contre la rive drapée de saules
Glissent les lourdes barges, halées
Par de lents chevaux; et, librement,
Le canot à la voile de soie file,

Mais qui l'a vue agiter la main ?
Ou qui l'a vue à sa fenêtre ?
Ou est-elle connue de tous,

Seuls les moissonneurs, fauchant de bonne heure
Une partie de l'orge produit,
Entendent une chanson qui résonne joyeusement
De la rivière serpentant clairement,

Et près de la lune le moissonneur épuisé,
Entassant les bottes de céréales sur les hauteurs dégagées,
Ecoutant, murmure : « C'est la fée

There she weaves by night and day
A magic web with colours gay.
She has heard a whisper say,
A curse is on her if she stay

She knows not what the curse may be,
And so she weaveth steadily,
And little other care hath she,

And moving thro' a mirror clear
That hangs before her all the year,
Shadows of the world appear.
There she sees the highway near

There the river eddy whirls,
And there the surly village-churls,
And the red cloaks of market girls,

Sometimes a troop of damsels glad,
An abbot on an ambling pad,
Sometimes a curly shepherd-lad,
Or long-hair'd page in crimson clad,

And sometimes thro' the mirror blue
The knights come riding two and two:
She hath no loyal knight and true,

But in her web she still delights
To weave the mirror's magic sights,
For often thro' the silent nights
A funeral, with plumes and lights

Or when the moon was overhead,
Came two young lovers lately wed;
"I am half-sick of shadows," said

Là, elle tisse de nuit et de jour
Un tissu magique aux couleurs éclatantes.
Elle a entendu une rumeur dire
Qu'une malédiction s'abattrait sur elle si elle restait

Elle ne sait pas ce que peut être la malédiction,
Et alors elle tisse encore plus,
Et pense rarement à autre chose,

Et passant devant un miroir clair
Qui est accroché devant elle toute l'année,
Les arbres du monde apparaissent.
Elle y voit le grand chemin à proximité

Là, la rivière écume et tourbillonne,
Et là, un village maussade bougonne,
Et les capes rouges des filles du marché,

Parfois un groupe de joyeuses demoiselles,
Un abbé sur un vieux cheval amblant,
Parfois un jeune berger frisé,
Ou un page aux cheveux longs, tout d'écarlate vêtu,

Et parfois à travers le miroir bleu
Les chevaliers vont à cheval deux par deux :
Elle n'a pas de loyal et fidèle chevalier,

Mais dans son tissu elle se réjouit quand même
De tisser les spectacles magiques de son miroir,
Car souvent durant les nuits silencieuses
Des funérailles avec parades, lumières

Ou quand la lune était au-dessus,
Deux jeunes amoureux venaient se marier;
« Je suis à moitié malade d'ombres » dit

A bow-shot from her bower-eaves,
He rode between the barley-sheaves,
The sun came dazzling thro' the leaves,
And flamed upon the brazen greaves

A redcross knight for ever kneel'd
To a lady in his shield,
That sparkled on the yellow field,

The gemmy bridle glitter'd free,
Like to some branch of stars we see
Hung in the golden Galaxy.
The bridle-bells rang merrily

And from his blazon'd baldric slung
A mighty silver bugle hung,
And as he rode his armour rung,

All in the blue unclouded weather
Thick-jewell'd shone the saddle-leather,
The helmet and the helmet-feather
Burn'd like one burning flame together,

As often thro' the purple night,
Below the starry clusters bright,
Some bearded meteor, trailing light,

His broad clear brow in sunlight glow'd;
On burnish'd hooves his war-horse trode;
From underneath his helmet flow'd
His coal-black curls as on he rode,

From the bank and from the river
He flash'd into the crystal mirror,
"Tirra lirra," by the river

She left the web, she left the loom,
She made three paces thro' the room,
She saw the water-lily bloom,
She saw the helmet and the plume,

Out flew the web and floated wide;
The mirror crack'd from side to side;
"The curse is come upon me," cried

Un bref salut des bords de sa chaumière,
Il chevaucha entre les gerbes d'orge,
Le soleil vint, éblouissant à travers les feuilles,
Et s'enflamma sur les guêtres cuivrées

Un chevalier à la croix rouge pour toujours agenouillé
Vers un dame, dans son bouclier
Qui scintillait sur le champ jaune,

La bride ornée de gemmes scintillait librement,
Comme quelque constellation, comme on en voit
Accrochée à la Galaxie dorée.
Les clochettes de la bride tintaient gaiement,

Et, accroché à ses couleurs,
Pendait une puissante corne d'argent,
Et quand il chevauchait son armure sonnait,

Sous un ciel bleu sans nuage
Brillaient les joyaux de la selle,
Le casque et le panache
Flamboyaient à l'unisson telle une même flamme,

Comme souvent dans la nuit pourpre,
Sous les bouquets d'étoiles brillantes,
Quelque météore barbu, au sillage lumineux,

Son large front clair rayonnait sous le soleil,
Sur ses sabots vernis son cheval avançait;
De dessous son casque fleurissaient
Ses boucles noires lorsqu'il chevauchait,

De la berge et de la rivière
Il entra comme un éclair dans le miroir de cristal,
« Tirra Lirra » près de la rivière

Elle laissa son tissu, elle laissa son métier à tisser,
Elle fit trois pas à travers la pièce,
Elle vit la fleur de nénuphar,
Elle vit le casque et le panache,

Le tissu s'envola et partit au loin;
Le miroir se brisa de part en part;
« La malédiction vient sur moi » cria

In the stormy east-wind straining,
The pale-yellow woods were waning,
The broad stream in his banks complaining,
Heavily the low sky raining

Down she came and found a boat
Beneath a willow left afloat,
And round about the prow she wrote

And down the river's dim expanse
Like some bold seer in a trance,
Seeing all his own mischance
With a glassy countenance

And at the closing of the day
She loosed the chain, and down she lay;
The broad stream bore her far away,

Lying, robed in snowy white
That loosely flew to left and right
The leaves upon her falling light
Thro' the noises of the night

And as the boat-head wound along
The willowy hills and fields among,
They heard her singing her last song,

Heard a carol, mournful, holy,
Chanted loudly, chanted lowly,
Till her blood was frozen slowly,
And her eyes were darken'd wholly,

For ere she reach'd upon the tide
The first house by the water-side,
Singing in her song she died,

Under tower and balcony,
By garden-wall and gallery,
A gleaming shape she floated by,
A corpse between the houses high,

Out upon the wharfs they came,
Knight and burgher, lord and dame,
And round the prow they read her name,

Who is this? and what is here?
And in the lighted palace near
Died the sound of royal cheer;
And they cross'd themselves for fear,

But Lancelot mused a little space.
He said, "She has a lovely face;
God in his mercy lend her grace,

Dans le vent d'est orageux et accablant,
Les bois jaune pâle blêmissaient,
Le vaste ruisseau entre ses berges gémissait,
Le ciel bas tombait à verse

Elle descendit et trouva une barque
Laissée à l'eau au-dessous du saule,
Et à l'angle de la proue elle écrivit

Et au bas de l'étendue vague de la rivière
Comme quelque brave devin en transe,
Comprenant tout-à-fait son propre malheur,
Avec une mine terne

Et à la fin du jour
Elle desserra la chaîne et s'allongea;
Le courant l'emporta au loin,

Etendue dans sa robe de neige
Ample, qui flottait de part et d'autre
Les feuilles la recouvraient doucement
A travers les murmures de la nuit

Et comme l'étrave serpentait entre
Les collines boisées de saules et parmi les champs,
On l'entendit chanter son dernier chant,

On entendit une chanson, mélancolique, sacrée,
Chantée fortement, chantée doucement,
Jusqu'à ce que son sang fût lentement glacé,
Et que ses yeux fussent complètement voilés,

Car avant qu'elle atteignit avec le courant
La première maison au bord de l'eau,
Pour y chanter sa chanson, elle mourut,

Sous la tour et le balcon,
Près du mur du jardin et de la galerie,
En une forme brillante elle flottait,
Entre les hautes maisons,

Dehors sur les quais ils arrivèrent,
Chevaliers et bourgeois, seigneur et dame,
Et autour de la proue ils lirent son nom,

Qui est-ce ? Et qu'est-ce ici ?
Et tout près dans le palais éclairé
Mourut le son de l'acclamation royale;
Et ils se signèrent de peur,

Mais Lancelot la contempla un instant.
Il dit : « Elle a un beau visage;
Dieu dans sa miséricorde garde sa grâce,